Le sens des prénoms m’interroge. Dans mon arbre généalogique, nous avons découvert une « Argile ». J’aime bien « Argile », mais comment est-ce devenu un prénom ? Pourquoi ne l’a-t-on pas appelée « Céramique » ou « Glaise » ? « Pierre » et « Olivier » sont bien des noms d’objets. Ça aurait pu être la même histoire avec « Chaise » et « Canapé » ou « Trousseau » et « Brindille », on dirait alors le plus naturellement du monde : « Oui, j’ai un frère et une sœur, Trousseau et Brindille. » Ça fait bizarre, hein ? C’est une question d’habitude, en fait. A l’université, j’ai connu une « Julie » qui avait un frère, « Julien ». Ma grand-mère avait dans sa classe un « Claude » dont le frère se prénommait « Jean-Claude ». Pourquoi pas ?
Mois : novembre 2018
« Que le Diable m’emporte » de Mary McLane
"Aller au-devant, rompre, ne rien admettre, détruire et rejeter tout ce qui, même de très loin, menace une seconde l’indépendance, voici mes lois. Ce n’est pas une politique de conciliation, c’est exactement une révolte", Lire du McLane, c’est physique et psychique. C’est philosophique et sociétal. C’est intelligent et conscient. C’est émancipateur et audacieux. C’est plein de fougue, d’arrogance et de candeur. Avec beaucoup de courage, Mary McLane a bravé tous les interdits de la société bien pensante pour faire entendre sa voix et sa voie.
« Entrer dans le monde tous les matins/Une histoire écrite avec mon chat »
Certains jours le chat me rejoint. Ce matin, l’amie féline est à mes pieds, dans la position dite du « rôti ». Elle me regarde, la tête inclinée avec un air de « oh, toi qui m’aimes tant et qui ne me refuses rien quand je prends mon air craquant comme en ce moment, regarde comme je te domine ». D’autres jours, elle se faufile entre mon dos et le gros oreiller ou s’installe carrément sur mon cahier, me refusant le droit d’écrire. Il y a des chats chics (j’en ai vu dans deux cafés sélect), il y a des chats commerçants (j’en ai vu officier dans une librairie), il y a des chats ronronthérapeuthes (qui sont employés dans les bars à chats) et il y a mon chat, un chat antilittéraire.
« Idéal standard » de Aude Picault
Parce qu’il existe autant de façons d’être une femme que de femmes, parce qu’il y a autant de manières de mener sa vie qu’il y a d’individus, il y a Idéal Standard, une BD pour les personnes en quête d’"idéal" mais pas de "standard".
La revanche des littéraires : en réponse à vos réactions
à tous les atypiques qui tracent leur route avec plus ou moins d'aisance dans ce monde ultra-normé, à tous les non-standardisés, à tous les littéraires (assumés ou contrariés), une pensée chaleureuse. Nous sommes nombreux, et nous sommes puissants !
La revanche des littéraires
Longtemps j’ai pleuré le sort réservé aux littéraires et aux atypiques. Tout particulièrement en France, parce que si vous faites vos « humanities » aux Etats-Unis, l’éventail des possibles s’ouvre à vous. En Angleterre, vous pouvez diriger une banque en étant titulaire d’une maîtrise d’histoire. En France il vous faudrait montrer patte blanche, c’est-à-dire dérouler une liste de diplômes longue comme l’A20, si tant est que cela puisse suffire.
Mes chroniques de SF / Last call
Pour finir le Study tour américain en beauté nous sommes allés au stade d’Oakland, le Coliseum, pour soutenir les Golden Warriors qui affrontaient les Milwaukee Bucks, venus exprès de l’autre côté de l’Amérique. Les Golden Warriors arborent les couleurs bleu et jaune. Les trois années précédentes, ils ont remporté le tournoi de la NBA. C’est l’équipe la plus puissante de la Conférence de l’Ouest. Face à eux les Milwaukee Bucks, les leaders de la Conférence de l’Est.
« Demande à la poussière » de John Fante
Dans une langue ciselée, ce roman court est un uppercut. Il nous donne autant envie de prendre Bandini sous son aile que de lui en coller une, qu’il aurait bien méritée au demeurant. Mais il est attachant l’ami. Il l’est d’autant plus que beaucoup se reconnaîtront dans cet anti-héros que l’Amérique n’aime pas voir exposé. Ce qu’on disait de toi, John, est donc bien vrai. Avec une longueur d’avance sur ton temps tu as commis ici de la très grande littérature. Chapeau bas.
Mes chroniques de SF / J+8
Se promener dans la rue avec Vincent est impressionnant : il indique une voiture, vous annonce son identité « marque, modèle, nombre de chevaux », lève l’index et vous dit « écoute le moteur ». Après le démarrage, il vous demande si vous avez entendu. Jamais de ma vie je n’avais ni « écouté » ni « entendu » une voiture. Plus fort encore, il reconnaît les modèles au bruit du moteur. Là où ce n’est que vacarme pour moi, Vincent entend une musique et voit une chorégraphie. Les pistons montent et descendent, l’essence est propulsée par jets, sa combustion va finir en fumée recrachée par le pot d’échappement. Si j’avais eu Vincent comme prof de physique-chimie au lycée, j’aurais sans doute eu la moyenne plus souvent…
« Frère d’âme » de David Diop
Celui qui reste ne peut supporter la mort de son « plus que frère ». Plus que sa mort, c’est la façon dont il s’est éteint dans ses bras. Renvoyé à son impuissance et rongé par la culpabilité, Alfa va se perdre dans des actes extrêmes pour oublier, ou peut-être pour tente de réparer ce qu’il n’a pas su faire pour apaiser les derniers instants de celui qu’il chérissait.