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A l’heure où la ville est en train de tomber, le premier roman de la musicienne anglaise Kate Tempest me semble être on ne peut plus d’actualité. Ce roman, je l’avais loupé à sa parution mais, grâce à de très bons bibliothécaires, j’ai pu le lire récemment. Avant d’en parler ici, je l’ai gardé bien au chaud, attendant le bon moment. Et c’est aujourd’hui. Par-delà ma curiosité, j’avais eu très envie de lire Ecoute la ville tomber parce qu’il se situe à Londres : la capitale anglaise et moi, c’est une très belle histoire d’amour.
London is calling
Oui, Londres et moi, c’est une très belle histoire d’amour. Toute en répulsion et attraction. Au premier abord, une ville qui ne m’attire pas. Pire, qui me fait peur. Mais la vie m’oblige à m’y rendre. C’est la fin de l’été, le tunnel de l’Eurostar a pris feu, je me rabats donc sur l’avion. Depuis l’aéroport de Lutton je dois acheter un billet de train. Je me retrouve au guichet, moi et mon anglais incertain. Dans le train, j’ai peur, de rater mon arrêt, de m’être trompée de direction. De plus, il fait nuit. Mais j’ai tout bon, je suis au bon endroit. Je descends à Kentish Town comme c’était prévu. J’hume l’air de la ville pour la première fois. Il fait bon. Le quai est très long et je suis tout en bout. J’ai le temps de regarder autour de moi, je vois un immense clocher très pointu dans le ciel. Au premier pas posé sur le sol je tombe éperdument amoureuse. Une émotion très forte m’enveloppe. Je retrouve un amant perdu de vue depuis tant d’années. Je rentre à la maison après un très très long voyage. Durant la semaine qui suit, la lune de miel entre Londres et moi se poursuit.
Neuf mois plus tard je posais mes valises dans le quartier d’Angel, Islington, N12SP London.
Londres, c’est quand même la galère
Pas sûre que Becky, Harry et Leon traînent à Angel. Sont plutôt dans un quartier crado comme toutes les grandes villes en ont le secret. Ça se passe à Londres, donc, avec tout ce que la cité a de plus charmant, et de plus déprimant : thé, jeune fille mère célibataire, parcs, fous rires à profusion, musique, grisaille, pubs, alcool, misère sociale, costume et cravate… Trois jeunes qui font de leur mieux pour s’en sortir au vu des conditions de départ. Parents absents ou parents disloqués, chômage, fragilité psychologique, carence affective, quête identitaire sont au menu. Les questions politiques et la justice sociale aussi (vaste sujet en Angleterre). Et des rêves plein la tête, danser par exemple. Hors de question d’y renoncer. Pour y arriver, la drogue, qu’on la prenne ou qu’on la vende, elle est là. Ils sont amis, ils ont une valise pleine de fric et ils devront se barrer, loin, pour réussir à vivre tout simplement.
On quitte la ville ? Ou quoi ? Le pays ?
Lire du Tempest
Ecoute la ville tomber obéit à un rythme musical qui pulse. C’est saccadé. Entre chaque beat, l’amour et l’amitié murmurent leur douce mélodie. Normal, Kate Tempest est musicienne, chanteuse, rappeuse. Un roman empreint d’une énergie qui donne envie de vivre. On a l’espoir que ces trois jeunes s’en sortiront. Si personne n’a cru en eux jusque-là, ce n’est pas notre cas.
Le point commun entre ces trois jeunes et moi
Becky, Harry, Leon et moi avons en commun le désir de changer notre réalité, de se réinventer.
Ecouter tomber la ville de Kate Tempest, traduit de l’anglais par Madeleine Nasalik, Rivages, 2018.
© Virginie Manchado, 2018
Merci pour toutes ces magnifiques découvertes. Tu es de très bon conseil et tu sais transmettre ta passion pour la littérature. Mais j’aime aussi te lire quand tu abordes d’autres sujets 🙂
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