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Je me suis mise au jogging. A dire vrai, ça fait quelques années déjà, quatre cinq, que régulièrement je me remets au jogging. Je me souviens que la première fois que j’ai couru, quinze minutes, j’avais cru vomir toutes mes tripes. Arrivée chez moi, je m’étais allongée sur le canapé, les muscles de mes cuisses tremblaient.
Fréquemment je me réjouis de mes progrès. Mes premiers 40 minutes, c’était jour de fête. Malheureusement, le jogging c’est comme les langues étrangères, les acquis sont plus vite perdus qu’ils ne sont gagnés. Une correspondante new-yorkaise, avec qui je pratiquais mon anglais une fois par semaine, avait gagné mon admiration lorsqu’elle m’avait expliqué qu’elle courait 1 h 30 tous les dimanches et qu’elle profitait de ce temps pour passer ses coups de fils obligatoires (parents, famille…). Mesurer ses « performances », certes, mais mon maître-étalon reste l’émission de radio. Ainsi je ne cours pas des kilomètres ni des distances, mais « un Garrigou-Lagrange » ou « Un pied sur terre et demi ». Toujours est-il que depuis sept mois, je m’y tiens. J’ai même fait des progrès notables, eu regard mon niveau de départ, of course. En un sens, la course a changé ma vie. A présent que je fais partie du club des coureurs amateurs, je parle effort, entraînement et matériel. La course m’a fait tisser des liens, notamment avec un cantonnier très sympathique qui officie sur mon parcours. Quand je le croise, je me mets à sautiller sur place et on entame la discussion :
— C’est dur aujourd’hui.
— Faut vous écouter.
— Et vous, qu’est-ce que vous faîtes ?
— Je taille les haies.
— C’est vraiment un beau métier.
Sur ces entrefaites, je repars. D’autres jours je ne ralentis pas la cadence mais lui fais coucou de la main et lui, lève les bras en haie d’honneur pour me laisser passer. Ça renforce ma foulée.
Selon moi, la beauté de la course réside à sortir tôt le matin. Et courir pour son seul plaisir. Sans chronomètre ni montre connectée. Par chance le soleil se lèvera et Paris se présentera dans toute sa splendeur. L’île Saint-Louis à 8 h 30, avant qu’elle ne soit polluée par les touristes, est un pur délice.
Dès lors qu’on se lance dans de nouvelles activités, c’est tout un monde qui s’ouvre à vous. Des faits dont l’existence était jusqu’alors insoupçonnée façonnent désormais votre quotidien. Récemment, une amie coureuse m’a fait part d’une trouvaille que je trouve tout simplement géniale. Certains coureurs artistes s’amusent à faire des formes dans les rues de leur ville. Ainsi, cet homme qui a reproduit la carte de France ou cette fille qui a fait un éléphant, un autre un requin… Alliance du sport à l’art, sublimée par une application. Mais plus extraordinaire encore, et je finirai avec ceci : une fille s’est déclarée « Dickrunner ».
Je vous présente, « Claire, dickrunner depuis 2014 ». Entendons-nous bien, ça ne veut pas dire qu’elle court les bites, quoi que nous n’en sachions rien et que ce serait son droit le plus strict si tel était son désir, mais qu’elle s’évertue à respecter des parcours de course dans les rues des villes où elle séjourne qui tracent des bites. Il y en a des poilues et des imberbes, en érection ou à bout de souffle, avec gouttelette, en forme de robinet… Une pub Benetton ! Comment ai-je pris connaissance de ses œuvres ? Parce qu’elle poste tout ça sur Instagram. Surprise, il y a même un « pussyrun ». Et là, vraiment, je lui tire mon chapeau car il n’est pas aisé de dessiner une belle chatte dans les rues perpendiculaires de Boston, Detroit ou de Chicago. Il va sans dire que j’ai rejoint les rangs de ses très nombreux followers.
Peu douée en dessin, mais toujours prête à relever des défis, j’attends qu’une forme originale à courir ne se profile dans les rues de Paris. Avis aux dessinateurs.
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Post-scriptum : Courir un pénis à San Francisco vous fera perdre 583 calories, dixit Claire, dickrunneuse.
© Virginie Manchado, 2019
Si à 50 ans t’as pas fait une dickrun t’as raté ta vie ! 😉
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Plus que 10 ans et une quinzaine de jours pour relever le défi, en ce qui me concerne :)) J’ai de la marge 🙂
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