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Se faire passer pour folle et s’introduire dans un asile pour être au plus proche possible des traitements administrés aux aliénées. Tel était le projet de Nellie Bly en 1887. Jeune femme pas farouche pour un sou, journaliste de profession et profondément révoltée par l’injustice.
Avec une facilité déconcertante elle se parvient à se faire interner dans un asile new-yorkais. Comme ses camarades, elle y reçoit tout un tas de traitements réjouissants : bain à l’eau glacée, pain rassis, coups répétitifs, interdiction de lire, cheveux arrachés par poignets, médecins qui rigolent en douce et infirmières qui s’acharnent… Si on n’est pas sûr d’être folle en y entrant, on est sûr de le finir… ainsi que de finir sa vie sur place.
Enfermer n’importe quelle femme en bonne santé et saine d’esprit, la forcer à rester assise sur des bancs à dossier droit de 6 heures du matin à 8 heures du soir, la priver de lecture et d’accès au monde extérieur, lui donner pour toute récompense des coups et une nourriture infecte, et voir combien de temps cela prendra pour qu’elle devienne folle.
Parce que c’est bien là, le hic, de nombreuses femmes ont été internées dans cet endroit, et dans d’autres, alors que leur tête tournait rond. Elles avaient eu le malheur de tomber malade, d’avoir perdu un emploi, trompé leur mari, d’être pauvre ou d’être femme tout simplement.
L’enquête menée par Nellie Bly a défrayé la chronique, à tel point que le Gouvernement américain a décidé d’intervenir pour stopper dans leur élan sadique le personnel soignant et allouer des fonds à ces institutions.
Lire du Bly
Ça a vieilli légèrement. Mais c’est tout de même dingue de se dire que les journalistes d’alors pouvaient rédiger des articles qui comptaient plusieurs pages.
Le point divergent entre Nellie Bly et moi
Contrairement à Nellie Bly, j’aurais eu bien trop peur qu’on ne me laisse pas repartir de l’asile pour tenter l’expérience. Non, je n’aurais pas eu le courage qu’a eu Nellie pour rendre justice à mes consœurs.
10 jours dans un asile, de Nellie Bly, traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Hélène Cohen, Editions du Sous-sol (2015) et Points (2016).
© Virginie Manchado, 2019
Bon, j’ai beau cliquer de toutes mes forces, il n’y a rien à faire, ça ne marche pas. Alors je clame tout haut ce que je pense tout bas : J’aime cet artiiiiiiiiiiiiiiiiicle !!! Gros, gros, gros bisous.
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