Livres, Non-fiction

« J’ai oublié » de Bulle Ogier, avec Anne Diatkine

Temps de lecture :  2’22

Bulle, ce n’est pas la nouvelle vague, c’est le vague absolu. […] Pas du tout ! Bulle, c’est une lame de fond !

Elle s’appelle Bulle, mais ce n’est pas son prénom, bien sûr

Comme tout le monde elle a un prénom, très classique, plutôt moche à dire vrai. Et comme beaucoup, elle a un surnom qui est devenu son nom d’usage, un genre de Miou-Miou. Un surnom qui lui a été octroyé avant même sa naissance : Bulle, comme une bulle de savon, qui flotterait, évanescente, transparente et capable de capter toutes les couleurs du monde, de monter très haut, de descendre très bas, d’être poussée par de grands vents ou, au contraire, de voleter telle une libellule à l’abord d’une rivière rafraîchissante. Il y a du rêve et de la rêverie dans le fait de s’appeler Bulle Ogier, et ça tombe bien parce que :

J’ignore si je ne fais rien ou si je travaille, une actrice qui s’interdit de rêver n’existe pas. Je fais beaucoup de choses de mon lit. Je tombe dans un puits sans fond, aux parois lisses, sans aucune mousse pour me rattraper.

J’ai oublié

« J’ai oublié », c’est la vie de Bulle Ogier, de sa naissance à aujourd’hui mais ni par ordre chronologique, ni par thématiques, mais par souvenirs. Quatre-vingts ans d’une vie riche, remplie, triste, créative. Une relation de grande proximité avec sa mère et avec sa fille. Un deuil impossible à faire – la mort de sa fille Pascale, à l’âge de 25 ans. Un père presque pas connu dont elle dit que le plus grand service qu’il ne lui ait jamais rendu, c’est de lui avoir refusé d’utiliser son patronyme. L’amour bien sûr. Être actrice, une carrière au service de la création et menée d’une bien drôle de façon, à la façon d’une bulle légère :

Si la procrastination était un royaume, j’en serais sa reine, la reine d’un royaume au nom horrible.

Bulle Ogier a eu pour amis Jacques Rivette, Bernadette Lafont, Marguerite Duras, Patrice Chéreau… et d’autres oiseaux tout aussi loufoques que géniaux.

La vie a fait son chemin et c’est l’heure de se souvenir, ou de se souvenir de ce qu’on a oublié.

Lire du Ogier/Diatkine

C’est d’une très grande sensibilité. C’est comme revêtir à même la peau un pull en cachemire d’une très grande douceur dans lequel on aimerait se lover à tout jamais.

Le point commun entre Bulle et moi

Toutes deux aimons beaucoup les chaussures, à ceci près que je ne laisse aucune paire de chaussures dans ma cave, elle si : « J’ai 397 paires de chaussures à la cave, elles doivent être dures, car ça fait longtemps qu’elles sont dans leurs petits cercueils de carton. »

J’ai oublié, de Bulle Ogier, avec Anne Diatkine, Seuil, 2019.

© Virginie Manchado, 2019

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1 réflexion au sujet de “« J’ai oublié » de Bulle Ogier, avec Anne Diatkine”

  1. C’est cool, un billet sur Bulle Ogier. Moi qui croyais que cette magnifique comédienne était oubliée, je constate qu’il n’en est rien et ça me fait bien plaisir. Il faut que je me procure ce livre !

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