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Anna aime Guillaume. Guillaume aime Anna. Ça fait vingt ans que ça dure. Anna rencontre Thomas. Tout est dit. L’art consiste en savoir le dire. Raconter le début d’une histoire d’amour et la fin d’une autre, dire les émotions, les sentiments, les doutes, les interrogations, les SMS qu’on voudrait écrire, qu’on efface puis qu’on réécrit, efface et écrit de nouveau, qu’on envoie et qu’après on se brûle de les avoir envoyés. Les effets secondaires sur le corps de l’amour (fièvre, rage de dents), l’attente, l’espoir de le croiser « par hasard » sur la place du village, le besoin irrépressible de se confier à des amis, à sa coiffeuse, l’apprentissage d’un corps nouveau, la comparaison inévitable, les crises de larmes qui surgissent à tout moment et nous clouent au sol sans qu’on sache vraiment pourquoi, les débordements en tout genre, l’incapacité à se concentrer… tous ces tourments et ces joies propres à l’amour. Les dire et ainsi décortiquer le langage des amoureux.
La question n’était pas de choisir, la question était de bondir par-dessus la tragédie, ce nœud inextricable où tous les membres sont mêlés.
Lire du Serre
Cette langue est d’une pureté absolue. Chaque mot est pensé, pesé, désiré. C’est un délice.
Le point commun entre Anna Lore et moi
Moi aussi, il m’arrive de repérer une robe que j’essaie mais que je n’achète pas immédiatement. J’y pense, y repense, me rappelle combien elle m’allait bien, combien je me sentais belle et bien dans cette robe. Alors, un jour, ça me prend, je retourne dans la boutique fermement décidée à succomber à cet achat. Et là, patatras, en fait rien ne va. Je me demande même comment j’ai pu fantasmer sur cette robe, qui en rien ne me sied.
Les Débutants, d’Anne Serre, Mercure de France 2011, et Folio 2013.
© Virginie Manchado, 2019