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« Je suis maçon. » Par amusement et sans mesurer les conséquences de la boutade qu’il vient de lancer à la belle brune qui est venue l’accoster et qui le met dans tous ses états. Gilles, professeur d’histoire, se retrouve coincé dans un tissu de mensonges dont il va avoir bien du mal à se défaire.
Il venait d’inventer cette histoire de maçonnerie sans y penser, par désœuvrement et par malice invétérée.
Au fond, pourquoi ne pas continuer la supercherie ?
Car qui est le plus fautif, celui qui a menti ou celle qui affirme que s’il exercé les métiers de professeur, architecte ou de cet acabit n’aurait jamais pu la séduire ? La question mérite d’être posée.
Revenir à Lisbonne
De fil en aiguille, Gilles va s’inventer une vie de maçon, des souvenirs de maçon et même une vie sentimentale de maçon incarnée par une femme jadis rencontrée à Lisbonne. Dès lors, l’urgence de revenir à Lisbonne deviendra de plus en plus cruelle. Réalité et souvenirs inventés font-ils bon ménage ? Là aussi la question mérité d’être posée.
Lire du Jean
Comme à son habitude, Patrice Jean interroge la société et la gauche bien-pensante, celle-là même qui dit préférer un maçon à un professeur, parce qu’il y en a marre de ces intellos, et qui voit en la figure du maçon l’homme vrai, l’homme simple, l’homme d’en bas, comme elle se plaît tant à le lui rappeler fréquemment.
Revenir à Lisbonne est un magnifique opus sur l’amour, la relation amoureuse et la politique qui s’insinue dans chaque pan de notre vie.
Le point commun entre Gilles et moi
Ni lui ni moi n’avons jamais manœuvré une bétonnière.
Revenir à Lisbonne, de Patrice Jean, Rue Fromentin, 2016, et Pocket, 2017.
© Virginie Manchado, 2020