Temps de lecture : 8’05
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Dimanche 13 juin (suite)
Pourquoi est-ce que je me fatigue à acheter tant de vêtements alors qu’on est si bien tout nu ?
Lundi 14 juin

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J’ai obtenu mon permis de végétaliser, ça devrait me mettre en joie, mais non, y a quelque chose qui ne va pas.
Mardi 15 juin
« Ma petite dame ! Ma petite dame ! » Au moment où je m’apprête à traverser la rue, une vieille dame s’agrippe à mon bras et me demande de l’aider à traverser. Et moi, je me demande depuis combien de temps elle n’a pas pris un gant et du savon pour se frotter.
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À la terrasse d’un café, un homme s’installe avec une vieille dame. Lui : « Tu vois, toutes ces petites histoires entre mes parents m’ont coûté mon mariage. » Puis une autre vieille dame les rejoint, elle pousse une poussette : « Ma fille est brune aux yeux noirs, un vrai pruneau, et elle nous a fait ça. » (Le bébé dans la poussette est blond aux yeux bleus.)
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Nous regardons un docu sur le naturisme. Deux garçons de 11 ans se racontent leurs expériences respectives : « Tes copains d’école ne se moquent pas de toi quand ils apprennent que tu fais du naturisme ? » « Ben non, ils savent que je vais leur mettre une raclée à la sortie de la classe. »
Mercredi 16 juin
L’entreprise qui a été victime d’une demande de rançon (cf. post du 13 juin) me paie en avance !
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On nous annonce la fin du port du masque : j’étais simplement un peu en avance sur le Gouvernement.
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Dorénavant, dans le lit, on a chacun son drap pour pouvoir s’enrouler sans priver l’autre. On a le même lit, mais on n’a pas le même drap. On n’a pas le même dentifrice, pas le même médecin généraliste, mais la même dermatologue. On a le même coiffeur, la même brosse à cheveux, mais pas le même shampooing. On n’a pas les mêmes musiques, pas les mêmes boissons, on a les mêmes livres (parfois). On a la même adresse, la même table, les mêmes chaises, mais pas le même rond de serviette. On n’a pas la même banque. On a la même concierge. On a le même plaisir à nager mais pas la même piscine. On a le même placard, mais pas le même nombre de cintres alloués.
Jeudi 17 juin
Je sors dans la rue et là c’est le drame : tous les gens, ou presque, portent le masque. Puis une dame me regarde et pousse un grand cri de joie en arrachant son masque de son visage : « J’avais oublié qu’on pouvait l’enlever ! »
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En prenant une fraise, je découvre une petite araignée qui s’était égarée dans la barquette. Malheureusement, une grosse fraise roule sur elle et l’écrase.
Vendredi 18 juin
Dans le train, docu sur le village naturiste de Montalivet, Monta pour les initiés.
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Aussitôt arrivés à Saint-Valéry-sur-Somme, nous enfourchons les vélos que nous avons loués. Les deux premiers kilomètres, nous nous arrêtons cinq fois pour régler la hauteur de ma selle. En chemin : vaches grises, vaches écossaises à longs poils, moutons dans les prés salés, bunker de la Seconde Guerre mondiale, Brighton-les-Pins. Arrivés sur une plage déserte de Cayeux, nous garons nos vélos. Nous jetons nos habits. J’aimerais beaucoup écrire que nous courons jusqu’à l’eau, mais les cailloux sont si gros qu’ils nous font mal aux pieds, alors nous rampons jusqu’à l’eau et nous jetons dans la Manche bien fraîche. Sur le chemin du retour, un gros nuage de pluie nous suit. Des phoques qui s’ébrouent.
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Au restaurant de l’hôtel, un gamin s’amuse à se lever de table. Il sort par la baie vitrée ouverte et court faire coucou à d’autres tables. Mais quand il revient, il fonce sur une baie vitrée bien fermée, les vitres sont vraiment bien nettoyées.
Samedi 19 juin
Nous croisons la laie qui se promène en liberté dans la baie et qui est devenue la mascotte du coin, je la baptise Suzie.
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Au parc ornithologique : des centaines de nids de cigognes, de spatules et de hérons sur la canopée des arbres. La guide règle sa longue-vue sur un nid où deux cigogneaux attendent sagement leur maman partie faire des courses. Pendant ce temps, une spatule pique des branches de leur nid pour construire le sien. (Poids d’un nid de cigogne : entre 200 et 400 kilos).
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Mon compagnon me dit en riant : « Je vais te dire quelque chose qui ne va pas te plaire. Parfois, j’ai l’impression que je suis avec une enfant. Par exemple quand tu dis “J’en ai marre de ce vélo, je vais le jeter dans le fossé !” ou “Mais comment on attache l’antivol ?! J’ai mal aux fesses ! ”… »
Dimanche 20 juin
Il y a quand même quelque chose que je ne comprends pas dans cette chambre d’hôtel, qui est très bien au demeurant, pourquoi ces deux prises en hauteur ?

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Par ici, les gens souffrent d’un léger embonpoint (après vérification, un habitant sur quatre du Nord est touché par l’obésité).
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Avec ma mèche de cheveux qui le barre, mon front est vanille-chocolat : très bronzé-pas du tout bronzé.
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Deux bonnes nouvelles nous attendent à notre retour : la raclée du RN et la poussée spectaculaire du chèvrefeuille que j’avais dû ratiboiser pour cause de mildiou.
Lundi 21 juin
Sans doute parce que nous étions dans le Nord tout le week-end, cette nuit je rêve de Line Renaud.
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La maison de la sœur de mon compagnon a été inondée. Il me dit « Elle a perdu toutes ses chaussures. » Puis il enchaîne par : « T’imagines, Vivi, si tu perdais toutes tes chaussures. » Je me ferais hara-kiri.
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C’est le soir, je fais des essayages dans la chambre puis vais dans le salon faire mon défilé de mode. Ahhhhhhhhhhhhhhh ! Sous la table du salon gît un petit oiseau tout mignon et encore tiède. Le premier oiseau chopé par le chat (les cartes ne mentaient donc pas (cf. post du 13 juin)). On le laisse jouer avec un petit peu, puis on allume une bougie et on descend son petit corps refroidi au pied d’un arbre.
Mardi 22 juin
6 h 52 : en marche vers la piscine, je passe devant un appart où la fête bat son plein.
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À la piscine : un papi n’est pas content parce que cette piscine est la seule piscine de Paris à nous obliger à porter le masque jusqu’au bord de l’eau, « Piscine Jean Boiteux, ce sont des boiteux ! », me dit-il en riant ! Dans ma ligne, une mamie (toujours la même) refuse de nager dans le sens de circulation. Vive altercation entre un maître-nageur et un nageur qui ne porte pas le masque jusqu’au bord de l’eau. Le maître-nageur veut le virer mais le nageur saute vite fait à l’eau. Le maître-nageur lui crie « Tu me respectes pas ! », son masque est tombé, on voit son nez et sa bouche.
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De retour de la piscine, la fête bat toujours son plein.
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Je m’inquiète, l’arbre pour lequel j’ai eu un permis de végétaliser est en train de mourir.
Mercredi 23 juin
Comme la procrastination est vertueuse ! Le prix des chaussures que je convoitais sans parvenir me résoudre à les acheter – déjà une semaine qu’elles sont dans mon « panier » et que je les regarde tous les jours – a baissé dans la nuit !
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Chez une cliente, nous en venons à parler de nos chats. Bien sûr, je lui vante les exploits récents du nôtre. Celui de mon interlocutrice dépose des mulots dans ses chaussons et même sous son oreiller.
Jeudi 24 juin
Ce que je préfère de la ville, c’est qu’elle offre la possibilité de marcher sans aller nulle part. Je sors de chez moi pour me balader, je me dis que je vais aller vers tel endroit mais aussitôt la porte de l’immeuble franchie, je prends la direction opposée. Je marche sans but ni direction. À un moment, je décide de suivre une mamie, une fois que je l’ai dépassée, je bifurque et je tombe sur un square super mignon que je n’avais jamais vu jusque-là.
Vendredi 25 juin
Achat de tout ce qu’il nous faut pour préparer des légumes farcis.
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La réponse de la Mairie à ma question inquiète sur mon arbre à végétaliser :

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On a répondu à l’appel d’offres il y a un an, on vient d’avoir la réponse, il faut que tout soit réalisé tout de suite.
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Chère Virginie,
Merci, merci pour cette déambulation hebdomadaire poétique, drôle, candide dans ta vie!
Je ne prends pas souvent le clavier pour commenter, mais aujourd’hui, je trouve le cadeau que tu nous envoies particulièrement luxuriant !! Je le savourai quand, tout à coup, je me suis souvenue d’un de tes posts précédents où tu te demandais pourquoi tu te cassais la tête à faire ce billet hebdomadaire sur lequel personne ou peu de gens te faisait de retour.
Et j’ai dégluti avec précipitation !
Encore, encore ! Perso, je suis preneuse de ce dessert dominical, tantôt coloré et onctueux, tantôt acidulé…
Merci, merci, merci Virginie !!
Je t’embrasse
Dominique H
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Eh bien, un grand merci chère Dominique, pour ta lecture, pour ta fidélité et pour ton retour, qui tombe à pic car, encore une fois, je me demandais si je continuais ce billet ou non. Donc un grand merci pour ton message ainsi qu’à tous ceux qui m’écrivent. MERCI.
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Je me suis régalée ! J’aime beaucoup ton idée d’inventaire à la Prévert de toutes ces petits évènement s de la vie qu’on oublie mais qui nous on fait sourire. Merci pour le partage et bonne fin de we.
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Merci, je suis ravie de savoir que mes quelques lignes apportent un peu de plaisir.
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