Temps de lecture : 2’08
Americanah, je l’ai lu à sa parution, en 2014. Couleur de peau, accent, milieu social, religion et argent, ce sont les marqueurs sociétaux que nous, les humains, avons déterminés. Que l’on soit au Nigeria ou aux USA, ils opèrent pareillement. C’est de cela dont il est question dans ce roman.
Je l’ai relu récemment, moi qui relis très peu de livres trouvant qu’il y en a déjà tellement à relire. J’ai constaté combien il est riche de se replonger dans un ouvrage et d’y (re)découvrir de nouveaux trésors.
Relire un livre
Relire un livre, c’est prendre le risque d’être déçu par la confrontation entre les souvenirs de lecture qu’on avait élaborés et la véritable histoire écrite par l’auteur. Ça m’est arrivé avec Brooklyn Follies de Paul Auster, que j’ai lu une première fois en français et une seconde en américain. J’étais déçue de ma mémoire défaillante et de me rendre compte que l’histoire ne se passait pas comme je l’aurais voulu. Cette déception peut aller jusqu’à donner le sentiment que l’auteur a réécrit son histoire, qu’il a triché avec nos souvenirs.
Relire, c’est aussi l’occasion de mesurer que les histoires ne nous impactent pas au même endroit en fonction du moment de notre vie où nous les lisons.
Relire Americanah
L’été dernier, mue par je ne sais quel élan, j’ai entrepris de relire Americanah. Depuis j’ai eu une explication : l’héroïne tient un blog. On peut dire que c’est elle qui m’a incitée à créer le mien. Il est donc normal que la première chronique de mon blog est dédiée au roman d’Adichie !
Americanah, c’est un pavé. Pourtant je l’ai relu quasi d’un seul tenant !
Du Nigeria aux USA
Ifemelu – quel joli prénom, n’est-ce pas ? – quitte son Nigeria natal, et son premier et grand amour, Obinze, pour les USA où elle va faire ses études. Loin des clichés sur l’Amérique flamboyante, Ifemelu se heurte à une dure réalité : comment survivre sans argent ? sans travail ? et surtout se découvrir noire ?
« Mes cheveux épais et naturels feraient leur effet si j’avais un entretien pour être chanteuse dans un orchestre de jazz, mais il faut que j’aie l’air professionnel pour cet entretien, et professionnel signifie avoir les cheveux raides. »
Alors que je relis ma chronique une dernière fois avant de la publier, j’y ajoute une anecdote. Ce matin, j’étais à une conférence organisée par un réseau féminin. En ouverture, une dame à la chevelure volumineuse a expliqué que son premier patron lui demandait de s’attacher les cheveux pour aller en rendez-vous avec de « gros » clients. Longtemps, elle s’est exécutée jusqu’au jour où elle a décidé que non. Elle assimilait cet acte de rébellion au dépassement de son plafond de verre.
Aux USA, Ifemelu sera contrainte de tricher avec elle-même, de se couper de ce (et de ceux) qui lui est le plus cher. Quelque peu têtue, la jeune femme parviendra à tracer sa route et à « réussir » au sens américain du terme. A-t-elle vraiment le choix ? L’Amérique est un pays qui laisse peu de possibilités : prendre le train en marche ou rester sur le quai et regarder défiler les trains qui emportent les winners.
Finalement, c’est quand tout va bien qu’Ifemelu décide de prendre un aller simple pour Lagos. Que et qui retrouvera-t-elle sur place ? Peut-on revenir sur ses pas quand on a parcouru tant de chemin ? Qui est-on devenu, aux yeux des autres ? et de soi-même ?
Lire du Adichie
Mêlant élégance et assertivité, disséminant pointes d’humour pince-sans-rire et voluptueuse poésie, Adichie sillone dans l’immense continent que nous nous sommes évertués à bâtir : le « Racisme ».
Les points communs entre Ifemelu et moi
Ce qu’Ifemelu et moi avons en commun : le soin porté à nos cheveux, notre accent dont on remarque tantôt la présence, tantôt l’absence – nos interlocuteurs étant le plus souvent persuadés de n’avoir pas, eux, d’accent –, de s’exprimer dans un blog.
Americanah de Chimamanda Ngozi Adichie, traduit de l’anglais (Nigeria) par Astrid Bayiha, Gallimard (2014) et Folio (2018).
© Virginie Manchado, 2018
J’aime beaucoup votre blog. Un plaisir de venir flâner sur vos pages. Une belle découverte et blog très intéressant. Je reviendrai m’y poser. N’hésitez pas à visiter mon univers. Au plaisir
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Merci beaucoup Angelilie pour votre message, se lancer dans le blogging c’est comme marcher sur une corde suspendue dans les airs, alors les retours bienveillants et les encouragements sont les bienvenus. Quant à votre blog, j’ai pu voir que vous étiez une artiste du visuel, ce que je suis loin d’être, bravo. A bientôt
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Superbe chronique, je sais quelle sera ma prochaine lecture 🙂
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In my to read list now! merci 🙂
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J’ai adoré aussi ce livre. Maintenant grâce à Virginie je vais peut-être le relire !
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Alors, je vous souhaite une aussi belle relecture de cette pépite que la mienne.
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Je suis en train de le lire, impossible de le lâcher. Ce livre, à la fois puissant et fin, est rempli d’amour et d’humanité, il est intelligent, enrichissant, stimulant, drôle.
L’écrivain Ron Rash (découvert grâce à l’auteur de ce blog) pense que les livres peuvent sauver les hommes. Eh bien, “Americanah” incite à aller de l’avant, à se lancer dans de nouveaux projets, à prendre des risques.
Rien que pour ça, merci d’avoir partagé avec nous un tel bijou.
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Argh! Je m’aperçois qu’un bout de mon commentaire a disparu dans la nature.
À la troisième ligne, il faut lire: “drôle parfois, souvent émouvant”.
Voilà. Bonne journée à tous.
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La fin est bouleversante, j’ai eu du mal à quitter Ifemelu et Obinze. Quel chef-d’œuvre. Un grand roman, qui fait réfléchir. J’ai lu dans la foulée “Nous sommes tous des féministes”, du même auteur, un texte très court qui m’a beaucoup plu, mais tu dois probablement le connaître.
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Non, je ne l’ai pas lu. En revanche, j’ai lu sa lettre à sa fille, message d’espoir et d’éveil des consciences. Je suis heureuse que cette lecture t’ait tant touché. Merci à toi.
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Venue explorer à mon tour votre univers, je découvre avec plaisir que nous avons déjà trois points communs: un blog (ma foi!), de l’admiration pour « Americanah » et… des boucles! Bon présage probablement:-)
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Les boucles, c’est un élément clé 🙂
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