Qui suis-je ?

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Qui suis-je ?

> Vous jouez pour 4 points :

Cubique, carré, à angles droits ou arrondis, aux lignes arrêtées ou floues, je sens rudement bon. Je suis doux. J’existe dans toutes les couleurs. Souvent je suis emballé dans du papier kraft ou sous film plastique. Je contiens du lait d’ânesse, des cendres, de la suie et même du caca d’oie. Je suis parfumé aux huiles essentielles, senteurs verveine, lavande, patchouli et parfois au tabac.

Je suis, je suis…

> 3 points à prendre :

On me trouve en pain bien qu’on ne m’achète pas en boulangerie. Ces dernières années on m’a étiqueté « artisanal », « fabriqué à la main », « élaboré avec soin dans la plus pure tradition », « fait dans le respect du savoir-faire ancestral transmis par nos aïeux ». J’ai donné le jour au verbe « saponifier », que peu de gens emploient. Les uns me saponifient à froid mais « certains l’aiment chaud. »

Je suis, je suis…

> Attention,vous ne jouez plus que pour 2 points :

Je contribue à faire vivre des artisans et constitue un petit cadeau rapporté de vacances,  ou chipé à un hôtel. Je suis une petite attention, à moins que je ne sois un message subliminal de mon expéditeur à mon destinataire ? Dans bien des cas, je suis offert par une femme à une autre femme. Je suis dit « de Marseille » mais parfois je viens de loin, d’Alep par exemple, même si tout porte à croire que les infrastructures pour me fabriquer ont disparu.

Je suis, je suis…

> Toujours 1 point en jeu :

Ma vocation est avant tout hygiéniste, même si je peux servir à embaumer le linge de maison. Mon usage est censé être quotidien. Je ne conviens pas à tout type de peau. Plus je mousse et moins je suis bio. Je peux être « à barbe ». J’ai la propriété de détacher ou de tacher, au contraire. Je peuple l’armoire de salle de bains de Virginie (cf. la photo ci-dessous) où j’attends patiemment mon tour. On en trouve un sur le rebord de sa baignoire, un autre sur le lavabo et encore un autre sur l’évier.

Je suis, je suis… je suis un savon !

Addendum en date du 10 janvier 2019 issu d’une remarque ingénieuse de Mathieu T. : mieux vaut offrir ou se voir offrir un savon que s’en faire passer un !

© Virginie Manchado, 2019